Après avoir traversé la baie en un quart d'heure, avec 2 moteurs de 220 cv çà pousse... on a fait les pleins dans le port de La Ciotat derrière un pêcheur qui arborait fièrement des queues d'espadon sur son pointu. La météo était à l'orage et des rafales nous cinglaient dans le port.
Puis on est sorti direction le point où le P38 avait coulé il y a 67 ans ! Le vent soufflait fort, des eclairs tombaient au large et sur le relief. Avec mon vieux pôte Lulu et Fred mon neveu on c'est jeté dans le gouffre amer dont la couleur bleu gris n'avait rien de buccolique.
Je savais que le pilote avait pû regagner la côte, mais je ne savais rien de plus sur l'histoire... c'était une découverte je n'avais pas vu les vidéos non plus !
Une descente dans le bleu est toujours impressionnante, mais l'arrivée sur la forme grise qui commençait à sortir du néant vers 30 mètres de fond encore plus !
Puis tous les détails sont apparûs, comme dans une chambre rouge, révélés au fur et à mesure de l'arrivée vers 40 mètres.
17 mètres d'envergure çà paraît pas énorme en bas ! tout est grossi par le masque.
L'avion est sur le dos comme souvent; je m'approche du cockpit mais il est écrasé.
Pas moyen de voir dans quelle position sont les manettes de gaz !
Mais le moteur droit est arraché et son hélice en drapeau ; il a donc fait un amerissage sur le moteur gauche. Les volets de radiateur sur la poutre bougent encore !
Je retourne un morceau de train et de tôle dans le sable en me disant qu'avec un parachute çà remonterait sans problème ... verbotten ! Les guns à l'avant pointent agressivement mais il en manque 2.
maintenant tout est silence et paix, l'avion héberge une vie grouillante et je commence notre remontée au bout de 20 minutes tout heureux d'avoir touché un diable à queue fourchue !
15 minutes de paliers plus tard à révasser sous la surface , je ressort sous un ciel appaisé... direction la plage.
Le soir je suis allé me ballader sur la corniche qui embrasse la baie; l'eau était d'argent en fusion au couchant et les falaises du bec de l'aigle se dressaient comme le faucon de la JG 51 sur ses serres ! Je m'imaginait le P38 arrivant sur son moteur survivant au dessus des eaux de la baie... il venait de la mer si le vent était le mistral du nord où alors il a tourné sur la terre pour se mettre face au vent de mer ?
Voilà ce que m'évoque ta question Naxos, c'est après que ses questions se posent, sur le moment je me consacre plutôt à enregistrer la scène et les détails, à goûter l'ambiance ...